La morale, avancer, ne pas se plaindre.
J’ai rencontré Stephen le matin, alors que je pliais mon camp au Parc San Simeon. Il m’interpelle avec la question classique : « Tu vas où ? », moyen facile d’engager la conversation entre voyageurs. Je lui réponds et lui retourne la question.
Et là, surprise. Parti le 7 mai 2012, alors que je venais à peine de m’installer à Montréal, il voyage depuis plus de 4 ans ! Une éternité.
Je dois vous raconter que Stephen n’est pas l’homme le plus chanceux de la terre. En 2011 il a perdu sa femme dans un accident de voiture, duquel l’une de ses filles, Savannah, a survécu avec un traumatisme qui l’a laissée avec la conscience d’une enfant de 10 ans. 10 mois plus tard il est diagnostiqué de son second cancer.
Au bord de la dépression, Savannah lui suggère de partir faire un voyage à vélo. Il pensait partir un mois et le voilà toujours sur la route, trainant derrière son vélo une lourde remorque chargée d’une infinité de matériel : tente pour 4, table, chaise, réchaud. « C’est plus agréable pour le gipsy camping », façon personnelle d’appeler le camping sauvage. Il transporte toujours 4 bols et assez pour nourrir les gens qu’il rencontre, c’est d’ailleurs l’une des première choses qu’il m’a proposées pendant notre discussion. Sa fille est sa motivation chaque jour sur le vélo, à rencontrer de nouvelles personnes, à transmettre son histoire, à sensibiliser un maximum de personnes au sujet du cancer.
Au cours de ces 4 années, il s’est fait voler son ordinateur portable, une tente et 2 vélos. Et malgré cela il garde toujours foi en la rencontre humaine.