Reportage photo vélo : comment prendre le mauvais train, faire une grosse chute de vélo et tout de même passer une journée vélo de folie en Picardie

Aussi intitulée, reportage photo vélo Vivons Vélo à Chaulnes.

Ce samedi 13 mai 2023 restera gravé dans ma mémoire pour mon éternité.

Arrivé à Paris la veille, je devais prendre le train tôt le matin depuis la Gare du Nord vers Amiens où Daniel, le Président du Cyclo Club Chaulnois devait venir me chercher. AG2R et son programme Vivons vélo m’avaient envoyé en Picardie pour y faire un reportage photo vélo sur une sortie organisée par le club local. Mais cela ne s’est pas tout à fait passé comme prévu.

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est allé comme prévu dans mon ventre,
en revanche le train n’est pas allé là où il devait !

Villers-Cotterêts je vous divulgâche que ce n’est pas du tout la direction d’Amiens

C’est dans le TER, en entendant l’annonce « gare de Villers-Cotterêts, qu’il m’est venu l’idée de regarder ma localisation sur Google Maps. Et si, comme moi, vous ne connaissez pas bien la géographie du nord de la France, et bien, Villers-Cotterêts je vous divulgâche que ce n’est pas du tout la direction d’Amiens. Paniqué, je suis allé voir la contrôleuse de la SNCF qui m’a très paisiblement annoncé que je n’étais pas le seul dans ce cas et qu’il y avait dû y avoir une erreur d’affichage en gare, tout en m’informant qu’aucun train me permettrait de rejoindre à l’heure Amiens, ou Chaulnes, ma destination finale depuis la prochaine gare, Soissons.

Je fais le point, il faut 4 heures de route à vélo pour rejoindre ma destination alors que je dois y être 2 heures plus tard. J’écarte la solution. Pourquoi pas louer une voiture ? Malheureusement, je n’ai pas mon permis de conduire avec moi, solution écartée aussi. Il ne me reste qu’une seule solution, faire du stop. Je l’avais déjà fait aux USA, ça va le faire ! J’appelle Daniel, et je le rassure : « je me mets en mode Pékin Express », rire au bout du fil.

Je me suis retrouvé aussi sec
la joue gauche freinant ma chute

Arrivé en gare de Soissons, qui se trouve à l’est de la ville, je saute du train, enfourche le vélo et file bon train direction l’ouest vers un rond-point qui me semble être une bonne porte de départ pour Chaulnes.

Et c’est là que la situation a clairement légèrement empiré.

Tout ne s’est pas passé comme prévu !
Un peu déconcentré par cette situation, j’ai mis ma roue avant dans le bas côté boueux. Puis au lieu de ralentir calmement sur le bas côté herbeux, j’ai voulu forcer la situation et remettre d’un coup de guidon la roue sur la route. Mal m’en a pris. Le pneu a glissé en un éclair, le vélo s’est affalé et je me suis retrouvé aussi sec la joue gauche freinant ma chute sur la très passante « Route de Compiègne », pas tout à fait la petite route de campagne idéale pour faire une chute, mais plutôt sa version vénère.

Ouf c’est pas aujourd’hui
que je suis mort

Sur le moment, une seule pensée, j’ai pas mal, mais je vais me faire rouler dessus. Je me relève instantanément et constate que les voitures sont arrêtées derrière moi. Ouf. C’est pas aujourd’hui que je suis mort.

Je vois sortir de la voiture un monsieur, très calme, qui me demande si je vais bien. Ma foi oui. Choqué, mais entier, heureux surtout de m’en sortir à si peu de frais. Il demande à son épouse de s’avancer et de se garer le long de la route. Ils continuent à me demander de mes nouvelles et, dans l’adrénaline de l’instant, profitant de cette voiture arrêtée alors que je n’ai pas encore levé le pouce, je leur expose ma situation en leur demandant s’ils peuvent m’aider en m’emmenant à Chaulnes. Je vois la dame, étonnée, mais qui ne refuse pas d’emblée. Je leur explique tout de même que c’est à 80 km environ. Elle se demande comment transporter le vélo, « facile dans le coffre » lui réponds-je. Problème, ils ont leurs courses à la place mon vélo. Je les vois se concerter et ils me font cette proposition extraordinaire qui va remettre ma journée en dans le droit chemin, « nous allons déposer nos affaires et nous revenons dans 10 mn ». Et je les regarde partir, 95% confiant, 5% circonspect, 5% encore sous le choc de l’accident.

 

Mon expérience Mad Jacques Stop improbable avec Sylvie et Will
Le temps de passer deux coups de fil, je vois la voiture revenir et se garer au même endroit. Le temps de démonter les roues de mon vélo, de le charger, nous sommes déjà en route. Et je fais la connaissance de Sylvie et Will, mes bons samaritains.

Et je pèse mes mots, combien de personnes auraient accepté en un clin d’œil de m’emmener ? Combien seraient revenus, tenant leur promesse ? Mais surtout, combien auraient fait un détour par l’armoire à pharmacie pour prendre des cotons, du désinfectant, des pansements et du paracétamol ? Peu, très peu. Et ils se sont trouvés sur mon chemin.

Ils sont originaires de Martinique et de Guadeloupe, installés en région parisienne depuis 30 ans. Nous parlons de leur travail de fonctionnaires, de leurs enfants, de mes voyages, de religion, du racisme qu’ils ont vécu à leur arrivée en métropole. Cela me rend triste, comment des gens ont pu avoir un sentiment si opposé au mien à leur égard, comment ne pas voir l’humanité universelle qui nous relie ?

 J’offre tous mes points de karma à ces 3 extraordinaires personnes !
 

Et puis une heure plus tard, nous voilà déjà arrivés à Chaulnes. Présentations rapides avec Daniel, qui est déjà là à m’attendre, selfie souvenir et déjà Sylvie et Will sont repartis. Était-ce un mirage ? Non, les douleurs dans la hanche, l’épaule et ma joue balafrée témoignent de la réalité de la situation, je suis arrivé à bon port, avec une nouvelle histoire à raconter.

J’avais déjà eu deux jours avant affaire à Daniel au téléphone et j’avais bien hâte de le rencontrer. Parce que dans le genre sympa, il semblait être champion hors catégorie. Mon impression était la bonne. Il m’a présenté son vélo hors du commun, un tricycle pour accommoder son pied qui ne fonctionne plus aussi bien qu’avant.

Il est pas chic Daniel ?!
Nous sommes ensuite allés casser la croute avec Véronique, sa compagne, un de ses amours de jeunesse, retrouvée il y a 10 ans. J’ai du mal à décrire à quel point tous les deux m’ont accueilli avec gentillesse, générosité et curiosité. Je me suis senti tout de suite bien, entouré par eux. Après les incidents du début de matinée, les pièces de ma vie se remettaient en place à l’aide de toutes ces personnes qui prenaient soin de moi. Et ma gratitude grandissait de minute en minute.

Taboulé et pâté fini, il était temps de remonter sur le vélo. Seul hic, comment passer la jambe par-dessus la selle alors que ma hanche est à moitié bloquée depuis que mon corps s’est refroidi ? Je cherche encore, mais c’est passé, grimace en prime. Il était l’heure de prendre la direction de la place du village pour rejoindre nos camarades de la sortie Vivons Vélo.

Nous étions plus de 40 à rouler en Picardie le 13 mai !
Merci Vivons Vélo, et merci AG2R !
Je ne sais pas non plus comment j’ai pu rouler 25 km dans mon état à faire des cabrioles pour photographier le plus de monde possible tout en pédalant, à accélérer pour prendre de l’avance sur le groupe puis photographier mes compagnons d’un jour passer devant moi pour ensuite les rattraper. Probablement la bonne humeur collective, la générosité du nord, le beau temps et le plaisir retrouvé d’être sur le vélo.

De retour chez Daniel, il m’a partagé le livre de son dernier voyage à vélo, un tour de la Somme en 5 jours sous la canicule de l’été 2022. Une fois la dernière page tournée, il était déjà temps de reprendre le train, le bon cette fois-ci et de retourner à la vie normale, hors de cette journée absolument réjouissante.

Il faudra que je prévoie un passage en Picardie dès que possible pour retrouver ce bien merveilleux compagnon.
Si vous avez aimé cette aventure, pourquoi ne pas poursuivre avec l’exploration de mon voyage à vélo au travers des USA ?