Laurie Travert et Manuel Dagens : les deux gauches irréconciliables

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Lorsque j’ai proposé aux copains Laurie Travert et Manuel Dagens de poser pour le projet, ils m’ont tout de suite répondu : « Ah oui carrément, on est des électeurs engagés ! » Voilà c’était entendu, alors nous nous sommes retrouvés aux Cadets, l’un des deux restaurants « locavores » créés par Manu, entrepreneur socialement investi.

« Ah oui carrément ! On est des électeurs engagés ! »

Hamon ou Mélenchon ?

Et le menu a été plutôt composé d’écologie, de micros fermes, de bio généralisé et de sortie du nucléaire. Le dernier étonnement de Manuel : « Tous les candidats ont pleuré la mort de Xavier Beulin (ndlr : ex-Président de la FNSEA), ils sont tous pro FNSEA, qui est vendue aux lobbies ». C’est une des raisons qui le fait pencher vers J.L. Mélenchon, le seul à avoir pointé du doigt l’action de la FNSEA trop orientée vers l’agriculture industrielle : « Une haute industrie liée à la finance ».

« J’ai confiance dans son programme, pertinent, mais je n’ai pas confiance en l’homme »

Au contraire de Laurie, qui ne voterait pour lui qu’à une seule condition : s’il se retrouve au second tour. Pour elle c’est clairement Benoît Hamon : « C’est une querelle d’ego et Mélenchon me fait peur. Connaissant ou suivant certaines personnes qui travaillent avec lui, j’ai confiance dans son programme, pertinent, mais je n’ai pas confiance en l’homme et son humanisme auto déclaré. Il est certes anti-système, mais se considère trop comme l’homme providentiel, mais c’est normal puisque le scrutin a été taillé pour De Gaulle ! »

Elle regrette que l’élection présidentielle soit une élection pour un homme et pas pour un projet : « La politique, c’est comme un match de catch, tout est faux, tout est écrit avec des rôles pour donner une image au peuple ».

Manuel a voté blanc en 2012, il n’a donc pas de déception particulière au sujet du mandat de François Hollande : il n’en attendait rien. S’il veut croire que l’on retiendra des éléments positifs dans son bilan, il ne lui pardonnera pas l’usage du 49.3 pour l’adoption de la loi travail.

En future magistrate, Laurie abonde : « Le 49.3 est un outil de préservation de la stabilité pour éviter le mythe des crises gouvernementales des 3e et 4e Républiques, mais la conséquence est que tout le monde veut éviter de faire tomber les gouvernements. On veut garder une certaine idée de gouvernement pour garder la population malléable ». Alors en stage en Tunisie en 2012, elle avait ressenti que François Hollande représentait LA gauche, et elle a l’impression que son action a remis en cause sa vision de la gauche (ndlr : mais n’est-ce pas souvent le risque du socialisme de gouvernement, décevoir les espoirs ?).

Post-Etatiste

Tous les deux se rejoignent sur un constat : il faut une nouvelle constitution et repartir sur des fondations saines : « on casse tout et on recommence »  et Laurie précise :

  • renforcer le pouvoir du parlement,
  • donner plus de pouvoir au local qui est en contact avec la population. Selon Laurie, il est plus facile de gouverner moins que de gouverner plus. Diviser pour mieux régner, diviser pour moins régner

Manu est plus concret : encouragement des mouvements citoyens, culture du partage : « la société capitaliste est devenue une société individualiste dans laquelle on doit toujours être meilleur que l’autre. Il faudra aussi encourager la consommation locale et faire valoir nos différences dans une organisation de 27 pays qui néglige les différences ».

Et si ?

Laurie lâche en conclusion : « Si Fillon et Le Pen sont au second tour, je me barre, je ne peux pas imaginer vivre dans un pays dans lequel une majorité de gens pense comme ça ! Bon, le temps de digérer, et ensuite je reviendrai me battre ».